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Ateliers de musicothérapie en soins palliatifs, Carcassonne 2019

Atelier de musicothérapie en soins palliatifs animé par Jean-Louis Rieu Piquet à laPolyclinique de Montréal, Carcassonne, 2019, Léo Derivot

Lundi 14h je retrouve Jean-Louis Rieu-Piquet musicothérapeute à la Polyclinique Montréal en    périphérie de Carcassonne.

Depuis une dizaine d’années il se rend deux à trois fois par mois en soins palliatifs pour donner des séances à la dizaine de patients qui passent dans ce lieu.

 

Quelques papiers administratifs à régler, mise en place des instruments sur un socle roulant et nous partons vers les chambres à la rencontre des patients dont la durée moyenne de séjour est de 11 jours.

 

Les portes s’ouvrent sur des vies qui touchent à leur fin dans une atmosphère aseptisée où des photos de familles, des fleurs ornent les quelques meubles des chambres.

 

Jean-Louis se présente, explique le déroulement de la séance, analyse les comportements et tente,de part son expérience, de mesurer les douleurs de chacun afin de créer une courbe mélodique et rythmique qui aidera à calmer leur peur de la mort.

 

La musique commence, le lien se crée les corps reprennent une part de vie au cours des quelques

morceaux et improvisations qu’il leur offrira.

 

Une sensation étrange parcourt mon corps, mon esprit et crée un état de confusion où l’ensemble de mes émotions s’entrechoquent dans des sons d’une force insoupçonnée.

 

N’étant pas le sujet de cette séance je tente de retrouver mes esprits, de prendre quelques images.

 

La présence des proches qui assistent à cette expérience me destabilise, entre rires et pleurs je me demande si ma place est la bonne. Je semble curieusement être accepté.

 

Échanges impalpables, regards vides, corps semi-inerte, des énergies se dégagent malgré une fin de vie qui envahit l’atmosphère de sa triste émanation.

 

Entre deux moments d’absence un sourire apparaît sur ses visages marqués par des années de vie, de souvenirs, et une douleur que la musique tente peu à peu de dissiper.

 

Après cinq heures d’atelier nous reprenons nos affaires. Je sors retrouver l’air, la vie, mon vieux vélo, rien a bougé de sa position initiale.

 

Le temps suit son cours.

 

J’improviserai ma vie dès lors à partir de ces expériences humaines et artistiques vécues qui nourrissent mon existence.

 


Photographies tous droits réservés, Léo Derivot