Marqué par des contrastes temporel et visuel frappants, entre
traditions anciennes et course effreinée vers une modernitée de
plus en plus exacerbée.
Dès notre arrivée sur le sol chinois, la disparité entre notre
mode de vie occidental et ce que nous découvrons pour la première
fois est assez surprenante. Nous nous retrouvons dans un espace
autre, une sorte d’hétérotopie géographique mais surtout, au
quotidien, visuelle.
Je veux montrer ce qui m’interpelle dans la société
contemporaine et, en l’occurence ici, dans la capitale chinoise au
sein de laquelle j’ai passé plusieurs jours à arpenter les rues et
rencontrer de ses habitants.
Tout semble nous différencier de cette partie du globe, le
langage, la relation à autrui, les traditions... Cependant, la
mondialisation crée un trait d’union entre «nos deux mondes»
américanisés.
La tradition chinoise se fait remplacer par une logique de
rendement monnétaire international.
Les plus riches s’appliquent à modeler la terre à l’image de
leur capital tandis que les travailleurs les plus modestes
s’entassent dans des logement insalubres.
Les vestiges architecturaux marqués par un passé tumulteux
cohabitent avec une société en quête frénétique de croissance et
de reconnaissance mondiale.
La jeunesse, accès sur les nouvelles technologies, dévoile à
travers elles une image d’elle-même irréelle et idéalisée tandis
que les anciens errent déjà comme des fantômes dans le réel
dépeuplé.
Et cependant, aujourd’hui comme avant, un moment chaque jour,
«Le soleil < continue d’accabler > la ville de sa lumière droite
et terrible ; le sable < reste > éblouissant et la mer miroite. Le
monde stupéfié s’affaisse lâchement et fait la sieste, une sieste
qui est une espèce de mort savoureuse où le dormeur, à demi
éveillé, goûte les voluptés de son anéantissement.»
La belle Dorothée, Charles Baudelaire
Car la sieste demeure très importante dans la culture
chinoise, tandis que la plupart des ouvriers se réveille toujours
à l’aube pour travailler des heures durant. J’ai vu en ces sommes
une allégorie de la transition entre passé et présent.
Pekin incarne pour moi ce vers quoi le monde tend, une
robotisation des villes déshumanisées, aseptisées, sans âme.
Le désir intarissable de l’Homme capitaliste pour l’évolution
technologique nuit, me semble-t-il, gravement à l’état de notre
civilisation.
Peut-être faudrait-il prendre un peu de temps et de recul sur
notre société, avant que nos délires ne nous asphyxient ?