Ré-appropriation de l'image passée :
Pour commencer ce projet j'ai eu la chance de trouver des négatifs dans la rue. Le "hasard" fut de la partie.
Ces derniers étaient abîmés par le temps. J'ai souhaité me plonger dans l'univers de ces clichés en me les appropriant et en voyant ce que je pouvais en faire. J'ai donc pris des photographies, à l'aide d'un appareil numérique, de ces négatifs dégradés, couverts de taches, et brûlés par endroit.
L'explication de ce travail se résume en deux grands points que nous allons voir :
1) L'ordre de lecture, mettant en avant l'interaction visuelle passé présent.
2) La création d'un carambolages historique au vu de la rencontre en différents éléments temporels.
Tout d'abord, l'ordre de ma présentation de ces photographies a un rôle très important.
La première photographie montre l'utilisation documentaire que l'on peut faire de ces négatifs tel le scanner d'une image passée en vu de la présenter.
Dans un second temps j'ai souhaité montrer comment nous pouvions nous ré-approprier une autre image de ces négatifs en l'insérant dans un espace actuel réel ou non.
Cette seconde partie est primordiale car elle montre comment l'image passée (négatif) influe par son opacité sur le présent, mais aussi comment grâce à ses éléments de transparence elle permet au présent de s'insérer.
L'histoire de la première image entre ainsi, en interaction avec l'appropriation qu'en fait le photographe puis celle du public.
Cette combinaison entre trois histoires m'a interpellé, car comme disait Roland Barthes, dans La réthorique de l'image, « le nombre de lectures d'une même lexie (d'une même image) est variable selon les individus ».
Les négatifs ont leur histoire passée au sein de l'appareil, leur développement(interaction entre les produits qui laissent une empreinte), leur possible usage, objet de photographie amateur (de famille) puis leur abandon en tant que déchets dans la rue, enfin leur dégradation au sein de cette dernière sont devenus par mon intervention matériel plastique photographique.
Le spectateur, élément historique final qui a, son passé, sa culture, ses connaissances, se ré-approprie mon image.Il en fait une analyse esthétique et artistique. Il interagit avec mes photographies et c'est à ce moment que se produit le carambolage, le second point que je souhaitais mettre en évidence.
Pour ainsi dire nous pourrions considérer que cette association d'histoires est comme une superposition d'empreintes, deux lumineuses (photographiques) et deux psychologiques celle, au prime abord du photographe et en dernier lieu de celle du spectateur lambda.
Photographies tous droits réservés, Léo Derivot