TRAVERSÉE

Vietnam du Nord au Sud, 2024

TRAVERSÉE, Vietnam, 2024 - Léo Derivot

À mon arrivée à Hanoi, la chaleur, l’humidité, les odeurs me rappellent mon passage dans la capitale chinoise il y a quelques années de cela.

Dans la ville, l’air est chaud et lourd. La lumière maussade. Un voile épais crée une frontière entre ma vision et le bleu du ciel. La circulation est surchargée, et l’environnement très pollué, ça en sera de même dans toutes les agglomérations de ma traversée.

 

Je viens m'immerger dans la culture vietnamienne et désire laisser vagabonder mon regard sur ce pays que je ne connais que très peu. J’irai dès lors des montagnes du nord, au sud du Mékong proche de la frontière cambodgienne. Entre ces espaces, les aléas du voyage, les rencontres dessineront un itinéraire à suivre.

 

Les corps suintent, la température assomme. La saison des pluies approche à grands pas, l’humidité perle déjà sur nos peaux. Les gens se protègent comme ils le peuvent, afin de ne pas entrer en contact avec les rayons ultraviolets qui traversent l'atmosphère.

Je parcours des kilomètres de routes, me transporte dans de sublimes paysages en quête de rencontres humaines et visuelles. Je m’interroge sur mon approche photographique. Comment peut-elle être juste et singulière ?

 

Très rapidement, je comprends que les échanges linguistiques vont être compliqués au vu de ma connaissance inexistante des dialectes et de la difficulté de parler une autre langue étrangère. Je choisis donc de travailler d’une manière différente. Désormais, seuls les regards et sourires feront foi pour échanger et tenter de capter l’atmosphère de ce pays et des êtres qui l'habitent.

 

J’entre désormais sur les terrains d’une photographie sans parole.

 

Des villes tourbillonnantes, aux lieux plus reculés, les gens semblent paisibles. Ils cultivent, façonnent, composent avec la nature. Le contraste est saisissant entre l’intensité de la circulation, la charge de tâches à accomplir et le calme intérieur qui illumine les regards.

 

Peut-être qu’apporter un souffle, une respiration, arrêter le temps pour me rappeler l’essence même de la contemplation, serait la plus juste approche pour cette série.

 

Les mots pleuvent, mais je ne souhaite pas inonder les lecteurs de ce potentiel surplus verbal et laisse donc les photographies parler à ma place.